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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/112

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CONTES SECRETS RUSSES

bientôt le retrouva sur son passage. Le jeune homme avait retourné sa pelisse. « Bonjour, batouchka ! » dit-il. — « Bonjour, mon cher ! où vas-tu ? — Eh bien ! voici, batouchka, je vais me louer comme ouvrier. — Et moi, mon cher, justement je cherche un ouvrier, viens demeurer chez moi, mais à la condition que tu ne proféreras aucune parole indécente ; celui de nous deux qui lâchera un mot obscène devra payer cent roubles à l’autre ; cela te va-t-il ? — Soit, batouchka ; moi-même je ne puis souffrir les gens qui disent de telles paroles ! — Eh bien, tant mieux ! Assieds-toi à côté de moi, mon cher ! » Le jeune homme obéit et la charrette reprit la route du village. Quand on eut fait un bout de chemin, le pope releva la queue de sa jument dont il montra la vulve avec le manche de son fouet : « Qu’est-ce que c’est que cela, mon cher ? » demanda-t-il. — « C’est une prison, batouchka. — Ah ! mon cher, j’ai trouvé en toi l’ouvrier que je cherchais ! » Arrivé à sa demeure, le pope y entra avec son compagnon, releva la robe de sa femme et, montrant du doigt le κον, demanda : « Et cela, qu’est-ce que c’est, mon cher ? — Je ne sais pas, batouchka ! Je n’ai jamais vu de ma vie une chose si terrible ! — N’aie pas peur, mon cher ! C’est aussi une prison. » Ensuite il appela sa fille, la retroussa et poursuivit, en attirant sur le κον les yeux de l’ouvrier : « Et cela qu’est-ce que c’est ? —