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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/113

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CONTES SECRETS RUSSES

Une prison, batouchka ! — Non, mon cher, c’est un violon »[1].

On se mit à table pour souper et, le repas fini, on se coucha. L’ouvrier grimpa sur le poêle, prit les chaussettes du pope, les passa à son υιτ et, tenant celui-ci dans ses deux mains, commença à crier de toutes ses forces : « Batouchka ! J’ai mis la main sur un voleur ! Allume vite une chandelle ! » Le pope se lève précipitamment et court, comme un enragé, à travers la chambre. « Ne le lâche pas, tiens-le bien ! » crie-t-il à l’ouvrier. — « Sois tranquille, il ne s’échappera pas ! » Le pope allume une chandelle et s’approche du poêle : il vit alors le gars qui tenait entre ses mains son υιτ enveloppé de chaussettes. « Le voilà, batouchka, il a

  1. Variante. — Le pope arriva chez lui avec l’ouvrier. La popadia, qui était assise sur un banc, releva sa robe, écarta ses jambes et dit au jeune homme : « Regarde, qu’est-ce que j’ai là ? » L’ouvrier feignit l’épouvante et fit mine de s’enfuir ; la femme du pope le retint : « De quoi as-tu peur, petit imbécile ? Ce n’est rien, vraiment. » Alors la fille du pope, relevant sa robe, demanda à l’ouvrier : « Et moi, qu’est-ce que j’ai ? » Tremblant de frayeur, le gars paraissait vouloir prendre la fuite. « Allons, » dit la femme du pope. « nous ne te ferons plus peur, mon cher, mais rappelle-toi ce que je vais te dire : j’ai entre les jambes une prison et ma fille a une prison encore pire : celui qui se rend coupable d’un vol ou de quelque autre méfait, c’est là que nous le mettons. »