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CONTES SECRETS RUSSES

son aise avec la jeune fille, après quoi, le pope le mit à la porte[1].



XLI

LE COCHON DE LAIT


Dans un village vivait un pope fort bête, mais il avait une fille si belle que c’était un plaisir de la contempler. Voilà que le pope prit à

  1. Variante. — L’ouvrier usa de finesse : il vola une cuiller d’argent et l’attacha à son υιτ avec un chiffon de tille. La femme du pope se mit à visiter le jeune homme, elle lui ôta son pantalon et découvrit la cuiller. « Ah ! » s’écria-t-elle en riant, « le diable t’a tenté ! Et pourtant je t’avais dit que le vol était puni de la prison ! — Mais moi-même, matouchka, je suis sans pitié pour les voleurs ; le coquin qui s’est rendu coupable d’un tel délit, il faut le mettre dans la pire des prisons ! » Le pope et sa femme comprirent ce que signifiaient ces paroles. « Pour la première fois, on peut pardonner, » répondirent-ils. — « Vous pardonnez, » reprit l’ouvrier, mais moi je ne pardonne pas, ma réputation en souffrirait ! Je vais fourrer le drôle dans la pire des prisons ! » À force de prières, d’instances, de supplications, les deux époux obtinrent la grâce du voleur : l’ouvrier consentit à ne point le fourrer dans la prison de la jeune fille et reçut en retour une somme de cent roubles. Ainsi finit l’histoire.