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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/131

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CONTES SECRETS RUSSES

il vit son maître, ainsi armé, s’élancer vers lui ; il jeta la pelle et s’enfuit à toutes jambes. Le pope se mit à sa poursuite, mais l’ouvrier courait plus vite que lui, et il fut bientôt hors de vue. Voulant retrouver le scélérat, l’ecclésiastique accosta un paysan qui passait : « Bonjour, mon cher ! — Bonjour, batouchka ! — N’as-tu pas rencontré sur ton chemin un ouvrier ? — Je ne sais pas, j’ai croisé un gars qui filait comme une flèche. — C’est lui ! Viens avec moi, moujik, aide-moi à le retrouver, je reconnaîtrai ce service. — Volontiers, batouchka. » Les voilà qui font route ensemble. Un Tsigane vient à passer. « Bonjour, Tsigane ! » dit le pope. — « Bonjour, batouchka. — Est-ce que tu n’as pas rencontré un gars, sur ta route ? — Il y en a un, batouchka, qui est passé à côté de moi avec la rapidité de l’éclair. — C’est lui-même, aide-nous à le trouver, je reconnaîtrai ton obligeance. — Volontiers, batouchka. » Ils se mettent en route à trois.

Pendant ce temps, l’ouvrier était allé changer de vêtements ; sous son nouveau costume, il vint au devant du pope. Celui-ci ne le reconnut pas et lui demanda : « Eh bien ! mon cher, n’as-tu pas vu certain moujik sur ton chemin ? — Si, il s’est sauvé dans tel village. — Allons, mon cher, aide-nous à le trouver. — Volontiers, batouchka ! » Tous les quatre se mirent à la recherche de l’ouvrier du pope ; ils arrivèrent au village, marchèrent toute la journée, mais ils n’avaient encore obtenu