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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/135

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CONTES SECRETS RUSSES

après lui, » observa l’ouvrier, « va plutôt te soigner chez toi. »

Autre version

Un pope, qui avait loué un ouvrier, lui dit un matin : « Nous allons manger un morceau, et ensuite nous irons battre le blé. » Ils se mirent à table et, après qu’ils eurent fait un déjeuner très sommaire, la femme du pope apporta trois œufs : deux pour son mari et un pour l’ouvrier. Le repas fini, les deux hommes se rendirent à la grange, ils prirent chacun un fléau et commencèrent à travailler. Mais, sur le temps que le pope frappait deux coups, l’ouvrier n’en frappait qu’un. L’ecclésiastique le remarqua et en témoigna son mécontentement : « Est-ce une plaisanterie, mon cher ? moi je bats comme il faut, et toi tu lambines toujours ; mon fléau fait deux fois plus d’ouvrage que le tien ! — Écoute, batouchka, » répondit l’ouvrier, « au déjeuner tu as mangé deux œufs et moi un, voilà pourquoi j’ai moins de force ! — Que ne me le disais-tu plus tôt, mon cher ? j’aurais ordonné à ma femme de te donner un second œuf. Va à la maison et dis-lui de t’en donner un ; quand tu l’auras mangé, tu reviendras. »

L’ouvrier jeta son fléau, courut à l’izba et dit à la femme de son maître : « Matouchka ! le pope