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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/136

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CONTES SECRETS RUSSES

veut que tu me donnes… — Que je te donne quoi ? — Tu devines toi-même que c’est ton κον. Seulement, dépêche-toi, le batouchka m’a ordonné de revenir tout de suite. — As-tu perdu la tête, maudit ? Qu’est-ce que tu racontes là ? — Eh bien ! interroge toi-même le pope, si tu ne me crois pas. » La popadia passa dans la cour : Écoute, batouchka, » cria-t-elle, « tu veux que je donne à l’ouvrier ?… — Tu ne lui as pas encore donné ? » répondit le pope ; « dépêche-toi, ne le retiens pas là : il faut qu’il revienne travailler. » La popadia rentra dans la maison. « Allons, tu ne m’as pas trompée, » dit-elle à l’ouvrier, et elle se coucha sur le banc placé devant la table. Le gars la besogna vivement ; après quoi, craignant d’être surpris par le pope, il s’empressa de filer ; mais, tandis qu’il franchissait la table au plus vite, il laissa tomber dessus plusieurs gouttes révélatrices. Naturellement, il ne retourna pas à la grange.

Cependant le pope, tout en battant son blé, se disait : « Comment se fait-il que l’ouvrier ne soit pas encore revenu ? Il faut que j’aille voir après lui. » Il arriva à l’izba et demanda à sa femme : « Où est donc l’ouvrier ? — Sitôt son affaire faite, il est parti. » L’ecclésiastique croit que la popadia veut parler de l’œuf, il s’approche de la table, voit le liquide qui est répandu dessus, et dit à sa femme : « Pour sûr, tu lui as donné un œuf à la coque ; il n’a pas su le manger convenablement,