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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/137

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CONTES SECRETS RUSSES

il a laissé tomber de la glaire sur la table[1]. » La popadia regarde à son tour, puis s’écrie : « Le drôle ! En me quittant, il est monté sur la table, et c’est alors, sans doute, que ces gouttes auront coulé de son υιτ ; il faut nettoyer cela. — Quoi ! quoi ! » interrogea le pope, « qu’est-ce qu’il a fait avec toi ? — Eh bien ! il a fait ce que tu avais ordonné : il m’a βαισέε ! » À ces mots, le pope arracha ses longs cheveux et accabla sa femme d’injures : « Ah ! maudite putain ! » Il attela aussitôt son cheval et se mit à la poursuite de l’ouvrier.

Celui-ci, ayant aperçu son maître, se barbouilla de boue à la hâte et, quand il se fut rendu méconnaissable, alla au devant de l’ecclésiastique. « Bonjour, batouchka ! — Bonjour, mon cher ! — Où vas-tu ? — Je cherche mon ouvrier. — Prends-moi avec toi. — Mais qui es-tu ? — Griaznoff. — Soit, faisons route ensemble. » Ils partirent à deux, et, chemin faisant, rencontrèrent un Tsigane qui demanda aussi la permission de se joindre à eux. Les voilà voyageant à trois. Ils étaient arrivés près d’une rivière, quand la nuit les surprit. Sur la rive se trouvait une maisonnette ; là habitait une veuve que son amant venait voir la nuit. Ils la

  1. Variante. — Il s’approcha de la table et dit : « Eh ! mère, tu as mangé une omelette avec l’ouvrier. » mais tu as épanché de la glaire. » Là-dessus, il saupoudra de sel la prétendue glaire et se mit à la lécher. (Ainsi se termine le conte.)