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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/138

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CONTES SECRETS RUSSES

prièrent de les laisser loger chez elle. D’abord, elle répondit par un refus : « C’est absolument impossible ! cette nuit, ma maison sera inondée ; vous serez tous noyés pendant votre sommeil ! — Non, nous trouverons bien moyen d’échapper à l’inondation. » Vaincue par les instances des voyageurs, la veuve consentit enfin à leur accorder l’hospitalité. Le pope s’installa dans la soupente : « Ici, » pensa-t-il, « j’ai quelque lieu de me croire en sûreté : l’eau n’atteindra peut-être pas à cette hauteur. » Le Tsigane accrocha une auge au plafond et se coucha dedans, après s’être muni d’un couteau. « Quand se produira l’inondation, » pensa-t-il, « je couperai les cordes qui retiennent l’auge, et elle flottera sur l’eau. » La maîtresse de la maison se coucha sur le poêle. L’ouvrier se doutait qu’elle avait un galant, il se mit tout près de la fenêtre : « Si je suis noyé, tant pis, » dit-il, « on ne meurt qu’une fois ! » La nuit, il entend que quelqu’un s’approche de la croisée. « Qui est là ? — C’est moi, » répond l’amant. — « Eh bien ! as-tu apporté quelque chose ? — J’ai apporté une demi-bouteille d’eau-de-vie et une andouille. — Allons, donne ! » L’autre obéit. Alors l’ouvrier lui dit : « Il m’est tout à fait impossible de te recevoir maintenant, car j’ai des voyageurs logés chez moi, mais laisse-moi du moins tenir un moment ton υιτ dans mes mains : ce sera toujours une consolation pour moi. » L’amant exhiba son membre ; l’ouvrier l’empoigna avec force, puis