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VIII
AVERTISSEMENT

plutôt le goût que les mœurs. Leur obscénité même leur confère une sorte d’innocuité morale : ils sont trop cyniques pour être voluptueux. De même que le spectacle de l’ivresse enseigne la sobriété, rien n’est plus propre à refroidir l’ardeur des sens que l’étalage brutal des choses de l’amour. Certes, nous ne voudrions pas conseiller cette lecture à la virginité ignorante, mais peut-être la recommanderions-nous moins encore à la caducité en quête d’excitations érotiques. Les vieillards qui demandent à une littérature spéciale le stimulus Veneris, ne trouveraient pas ici ce qu’ils cherchent.

Dans son beau livre : La Russie en 1839, le marquis de Custine insiste à plusieurs reprises sur la délicatesse innée, la distinction native du peuple Russe. Lorsqu’on a lu les Contes secrets, on est disposé à rabattre quelque peu de ces éloges. Gardons-nous pourtant de tomber dans l’exagération contraire et ne prenons pas texte de quelques gaudrioles excessives pour accuser les Russes de grossièreté, car ils pourraient trop aisément nous renvoyer ce reproche. De fait, l’indécence des conteurs Moscovites ne dé-