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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/15

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IX
DU TRADUCTEUR

passe guère celle de nos vieux trouvères. Aucun peuple, aucune langue n’a le monopole du cynisme, et si « le Latin dans les mots brave l’honnêteté, » on peut en dire autant de tous les idiomes modernes, quand ils sont maniés par des populations primitives.

Les lecteurs de notre Recueil croiront plus d’une fois avoir sous les yeux quelque volume de la Bibliothèque Gauloise, tant sont nombreuses et flagrantes les analogies que skazki les présentent avec les contes de notre ancienne littérature. Ainsi le Moujik, l’Ours, le Renard et le Taon fait penser au Diable de Papefiguiére ; les Deux épouses et l’Enterrement du chien rappellent à s’y méprendre deux récits des Cent nouvelles nouvelles ; le Pope et le Moujik semble une réminiscence de Bonaventure des Periers (De celui qui acheva l’oreille de l’enfant à la femme de son voisin).

Ces rapprochements et bien d’autres qu’il serait facile de noter soulèvent un curieux problème d’origine. On est invinciblement amené à se demander si les skazki sont des productions réellement autochtones, ou s’il ne faut pas plutôt y voir des emprunts faits à l’Occident. Au-