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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/161

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CONTES SECRETS RUSSES

c’est un petit enfer. — Moi, mère, j’ai un pécheur[1] ; il faut le mettre dans l’enfer. » L’effet suivit aussitôt les paroles ; autrement dit, l’évêque βαισα la mère abbesse, après quoi, il la reconduisit hors de son appartement.

Pendant ce temps le moujik s’esquiva sans bruit et retourna chez lui. Le lendemain le pope se leva avant le jour et, sans même se laver, courut au plus vite chez l’évêque. Quant au moujik, il dormit bien, fit la grasse matinée ; le soleil était déjà levé depuis longtemps quand il s’éveilla ; après avoir déjeuné, il se mit en route sans se presser. Arrivé au palais épiscopal, il y trouva l’ecclésiastique qui l’attendait depuis longtemps. « Eh bien ! mon ami, » fit celui-ci avec un sourire moqueur, « pour sûr, tu t’es attardé à caresser ta femme. » L’évêque, s’adressant au paysan, lui dit : « Allons, tu arrives le second ! — Non, monseigneur, le pope est arrivé après moi ; tu as donc oublié que je suis arrivé chez toi au moment même où tu te promenais sur les montagnes de Sion et où tu mettais un pécheur en enfer ? » L’évêque agita les deux mains pour lui imposer silence : — « Les vaches sont à toi, moujik ! » prononça-t-il ; « en effet, tu as raison, c’est toi qui es arrivé le premier. » Ainsi le pope resta privé de ses bêtes à

  1. Variante. — Judas.