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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/176

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CONTES SECRETS RUSSES

j’aurai de l’argent, je reconnaîtrai tes services. — Bien, » répondit la vieille, et elle se rendit aussitôt chez la fille du marchand : « Comment vas-tu, mademoiselle ? — Je sois souffrante, grand’mère, j’ai toujours des douleurs dans le ventre. Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de guérir ce mal ? — Si ; fais chauffer un bain, je te frotterai le ventre avec de la graisse. » On prépara le bain ; la mendiante qui, au préalable, avait caché le jeune homme dans la cabine, y mena ensuite la fille du marchand, la déshabilla, et quand elle fut toute nue, lui dit : « Allons, mademoiselle, il faut que je te bande les yeux, pour que tu ne te trouves pas mal. » Après avoir noué un mouchoir sur les yeux de la malade, la vieille la coucha sur un banc. « Maintenant, » fit-elle, « je vais te frictionner avec une graisse légère, » et elle promena sa main à deux reprises sur le ventre de la jeune fille. « À présent, ce sera un peu plus rude. » Alors, sur un signe de la vieille, le jeune homme s’approcha de la fille du marchand et l’attaqua si furieusement, qu’elle jeta les hauts cris. « Un peu de courage, mademoiselle ! Au commencement, cela fait toujours mal, mais c’est l’affaire d’un instant ; ensuite ça ira tout seul, et ton ventre sera guéri. » La demoiselle trouva bientôt le traitement à son goût. « Frotte-moi, grand’mère, » dit-elle, « frotte, ta graisse est bonne. » L’opération terminée, le jeune homme regagna sa cachette, et la vieille ôta le bandeau à la fille du marchand. Celle-ci aperçut