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CONTES SECRETS RUSSES

se leva tout doucement et détala au plus vite. Ce ne fut pas sans peine qu’arrivé à sa demeure, il put s’en faire ouvrir la porte. Sitôt rentré chez lui, il se débarrassa de ses haillons et se coucha à côté de sa femme. Celle-ci lui passa sa main sur le visage et, surprise de n’y pas trouver de barbe, demanda : « Qui est-ce qui t’a ainsi rasé, batouchka ? — C’est le diable qui t’a βαισέε, » répondit-il. À ces mots, la popadia se mordit la langue.



LXV

LA FEMME RUSÉE[1]


Un bourgeois avait une jolie femme. Le ménage se trouvant à bout de ressources, l’épouse dit au mari : « Il faut tâcher de nous procurer des moyens d’existence. — Mais comment faire ? — J’ai une idée, seulement ne m’injurie pas. — Eh bien ! fais ce que tu as imaginé. — Cache-toi, » reprit la femme, « et reste aux aguets. Je vais trouver quelqu’un que je ramènerai ici, alors tu cogneras à la porte et nous ferons notre affaire. — Allons, très bien ! » Elle prit une caisse, la remplit

  1. Comparer avec le conte LXIV.