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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/212

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CONTES SECRETS RUSSES

de suie et la plaça dans la soupente ; le mari s’éclipsa ; la femme se farda, s’habilla coquettement, puis sortit de la maison et alla s’asseoir sous la fenêtre[1]. Peu de temps après le pope passa à

  1. Voici un autre commencement de ce conte : Un moujik pauvre, Vanka le gueux, voulait épouser la fille d’un riche marchand. Pour tromper le père, il s’avisa d’aller lui emprunter une mesure à mesurer l’argent. « Pour sûr, ce moujik est riche, » pensa le marchand et il lui donna sa fille. Mais Vanka ne tarda pas à dissiper toute la fortune de sa femme. Celle-ci usa alors d’artifice. Un dimanche, elle alla à la messe. Un propriétaire la vit, s’approcha d’elle, la plaignit d’avoir un mari ivrogne et finit par lui dire : « Eh ! Marie Dmitrovna, n’y aurait-il pas moyen de passer une petite nuit avec toi ? — Si, » répondit-elle, « mais lorsque mon mari ne sera pas à la maison. » Quand, la messe finie, elle quitta l’église, le pope courut après elle et lui demanda : « Ne pourrait-on pas, Marie Dmitrovna, te βαισερ une petite fois ? — Si, » dit-elle ; « viens en l’absence de mon mari. » (Parfois, au lieu du propriétaire, c’est un vayvode qu’on fait figurer dans ce récit). De retour chez elle, Marie Dmitrovna raconta tout à son mari. Aussitôt il se mit à circuler dans le village et, en passant devant la maison du propriétaire, il dit d’une voix forte : « Vanka le gueux va faire la fête toute la nuit au cabaret du Tsar ! — Entre chez moi, » lui cria le propriétaire, « je te régalerai. — Est-ce que tu crois que je n’ai pas d’argent ? » répondit Vanka. Ensuite il se dirigea vers la cour du pope et là il répéta encore à haute voix. « Vanka va faire la fête toute la nuit au cabaret du Tsar. » Le propriétaire n’eut pas plus tôt entendu ces paroles, qu’il fit une toilette élégante et se rendit chez la femme de Vanka. Elle l’invita à se mettre à table, mais comme elle était en train de lui servir des rafraîchissements, Vanka le gueux revint tout à coup à la maison. « Ah ! Marie Dmitrovna, » où me cacherai-je ? — Fourre-toi dans le coffre. » Le propriétaire s’y introduisit. Le mari entra et commença