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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/219

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CONTES SECRETS RUSSES

veurs, exige d’abord de l’argent et dis-lui de venir te trouver la nuit à la forge en s’y introduisant par la cheminée. Je serai là et je l’arrangerai comme il faut. » La femme fit une toilette pimpante et se mit en route.

Le premier qui l’accosta fut le pope, qu’elle connaissait. « Bonjour, petite femme ! Est-ce que ton mari est à la maison ? — Non, batouchka ! Le barine l’a appelé chez lui, où il doit travailler pendant tout un mois, et maintenant je suis seule. — Eh bien ! ma chère, tant mieux si tu es seule. Est-ce que je ne puis pas aller passer la nuit chez toi ? — Pourquoi pas, batouchka ? Tu le peux, seulement donne-moi vingt roubles. — Soit, ma chère, les voici. J’irai chez toi ce soir, aussitôt après les vêpres. — Viens, batouchka, mais pas à l’izba ; je passerai la nuit à la forge pour garder les outils de mon mari ; viens m’y trouver en cachette, descends par la cheminée. — Bien, ma chère. » Ayant reçu l’argent du pope, elle continua son chemin.

Le marguillier la rencontra. « Ah ! bonjour, kouznetchikha[1] ! — Bonjour, brave homme ! — Est-ce que ton mari est à la maison ? — Non, il est allé chez le barine, où il a du travail pour tout un mois, de sorte que maintenant je suis seule à la maison. — Ne puis-je pas, ma chère, passer une petite nuit avec toi ? — Pourquoi pas ? À pré-

  1. Femme d’un forgeron.