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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/220

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CONTES SECRETS RUSSES

sent je suis libre. Donne-moi vingt roubles et viens ce soir, assez tard : je coucherai à la forge, mais quand tu arriveras, ne fais pas de bruit : au lieu de frapper à la porte, glisse-toi tout doucement dans la cheminée. — C’est entendu ! » Elle prit les vingt roubles du marguillier et poursuivit sa promenade.

Un Tsigane, la rencontrant, lui dit : « Eh ! bonjour, charmante ! — Bonjour, Tsigane ! — Ton vieux est-il à la maison, ma bien-aimée ? — Non, il est allé travailler chez le barine et doit y rester un mois, à présent je suis seule. — Eh ! ma beauté ! Alors je puis passer la nuit avec toi ? — Certainement ! Viens, Tsigane ! mais donne-moi vingt roubles. » Le Tsigane prit de l’argent dans sa poche. « Tiens, ma belle ! Ce soir, j’accourrai chez toi. — Viens directement à la forge, Tsigane, et descends par la cheminée : je t’attendrai là. — Bien, ma colombe ! »

La kouznetchikha revint chez elle et dit à son mari : « Eh bien ! mon petit homme, cette nuit je recevrai la visite de trois amoureux, j’ai pris à chacun d’eux vingt roubles. — Allons, femme, Dieu soit loué ! je leur réglerai leur compte. »

Quand arriva le soir, le moujik se rendit à la forge, alluma du feu dans un fourneau, y fit chauffer des tenailles et attendit les amoureux. Le pope expédia les vêpres au plus vite, mit sa soutane et de l’église courut tout droit à la forge. En chemin il fut rejoint par le marguillier. « Où allez-vous,