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CONTES SECRETS RUSSES

Non loin de là se trouvait une fosse à charbon : un paysan y avait fait du feu. Le lièvre court se vautrer dans la poussière noire, ce qui lui donne l’air d’un vrai moine. Ensuite il va rejoindre la route et se tient coi, l’oreille basse. Sur ces entrefaites, la renarde, qui avait enfin réussi à se dégager, s’était mise à la recherche du lièvre ; en l’apercevant, elle le prit pour un religieux : « Bonjour, saint père, » dit-elle, « n’as-tu pas vu quelque part un lièvre louche ? — Lequel ? celui qui t’a φουτυε tantôt ? » La renarde rougit de honte et retourna chez elle à la hâte. « Ah ! le coquin, » se disait-elle, « il a déjà répandu la chose dans tous les monastères ! » Quelque rusée que fût la renarde, le lièvre lui dama le pion !



II

LE MOINEAU ET LA JUMENT


Dans la cour d’un paysan se trouvait toute une bande de moineaux ; l’un d’eux commença à se vanter devant ses camarades : « La jument grise, » dit-il, « est amoureuse de moi ; elle m’adresse de fréquentes œillades ; voulez-vous que je la βαισε devant toute notre hono-