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CONTES SECRETS RUSSES

Ivanouchka, » lui dit-elle, « où as-tu pris ce υιτ ? — Je l’ai emprunté pour une nuit à mon oncle. — Ah ! chéri, prie-le de te le prêter encore pour une petite nuit ! »

La nuit suivante, la jeune femme remit la conversation sur ce sujet : « Ah ! chéri, demande à ton oncle s’il ne pourrait pas te vendre son υιτ ; mais marchande bien. — Soit, j’essaierai de l’acheter. » Il alla chez son oncle, lui donna le mot et revint trouver sa femme. « Eh bien ? » interrogea-t-elle. « — Qu’est-ce que je te dirai ? je n’ai pas pu m’arranger avec lui ; il ne veut pas s’en défaire à moins de trois cents roubles, et c’est un prix qui dépasse mes moyens ; où prendre une pareille somme ? — Eh bien, va lui demander de te le prêter encore pour une nuit ; demain, je me ferai donner de l’argent par mon père, et nous achèterons cela. — Non, vas-y toi-même ; moi, vraiment, ça me gênerait ! » Dounia se rendit chez l’oncle ; en entrant dans l’izba, elle pria Dieu, et fit une révérence. « Bonjour, mon petit oncle ! — Bonjour ! Quelle bonne nouvelle ? — Je suis honteuse, mon petit oncle, de la démarche que je fais auprès de vous, mais, il n’y a pas à le cacher, je suis venue vous prier de prêter encore votre υιτ à Ivan pour une petite nuit. »

L’oncle réfléchit, inclina la tête et répondit : Je puis le prêter, seulement il faut avoir soin d’un objet qui ne vous appartient pas. — Nous en aurons soin, mon petit oncle ; tiens, voici ma