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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/61

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CONTES SECRETS RUSSES

Après avoir vécu un an au plus avec elle, il en eut un fils. Un jour, elle alla faire visite à sa mère, qui se mit à la régaler. « Ah ! matouchka, que ton pain est bon ! » dit, tout en mangeant, la jeune femme ; « moi, c’est à peine si on peut manger le mien, il est vraiment comme de la brique. — Écoute, ma fille, » répondit la vieille, « assurément tu ne pétris pas bien la pâte, voilà pourquoi ton pain n’est pas bon ; essaie un peu de pétrir de telle sorte que tu aies le κυλ trempé, et tu réussiras ton pain. » La femme revint chez elle, ouvrit le pétrin et commença son travail. Après avoir longtemps pétri, elle retroussa sa robe et tâta si son κυλ était trempé ; puis elle se remit à la besogne. Pendant deux heures elle pétrit et se barbouilla le derrière, mais elle ne pouvait s’assurer, si, oui ou non, son κυλ était trempé. Finalement elle releva sa robe et dit à son petit garçon en lui présentant son postérieur : « Regarde un peu si mon κυλ est trempé ! » L’enfant regarda : — « Eh ! mère, » fit-il, « tu as deux trous à côté l’un de l’autre et ils sont tous les deux dans la pâte ! » La femme cessa de pétrir et fit avec cette pâte du pain si bon que, si on avait su comment il avait été pétri, personne n’y aurait touché.