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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/79

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CONTES SECRETS RUSSES

Pendant qu’il conduisait sa charrette par les rues de la ville, il criait à plein gosier : « Qui veut des υιτς, des υιτς, des υιτς ? J’ai de beaux υιτς à vendre, de beaux υιτς, de beaux υιτς ! » Une dame, l’ayant entendu crier sa marchandise, dit à sa jeune femme de chambre : « Va vite demander à ce moujik ce qu’il vend. » La jeune fille s’élança aussitôt dans la rue : « Écoute, moujik, qu’est-ce que tu vends ? — Des υιτς, madame ! » Rentrée à la maison, la jeune femme de chambre n’osait pas répéter cela à sa maîtresse. « Parle donc, sotte, » ordonna celle-ci, « il ne faut pas être honteuse ! Voyons, qu’est-ce qu’il vend ? — Eh bien ! madame, le drôle vend des υιτς ! — Que tu es bête ! Cours vite, rattrape-le et demande-lui à quel prix il m’en céderait une couple. » La femme de chambre rappela le paysan : « Combien coûte la couple ? » lui demanda-t-elle. — « Cent roubles, c’est le dernier prix. » Dès que la servante eut rapporté cette réponse à sa maîtresse, la barinia lui donna cent roubles, « Tiens, » dit-elle, « va et choisis-en de beaux, prend-les longs et gros. » La fille alla porter l’argent au paysan. « Seulement, » fit-elle, « je t’en prie, moujik, donne-moi les meilleurs. — Ils sont tous fort beaux, » répondit-il. La femme de chambre prit une couple de υιτς bien conditionnés et les rapporta à sa maîtresse. La dame les examina, et, comme ils lui plaisaient beaucoup, elle s’empressa de les mettre où il fallait, mais ils refusèrent d’entrer. « Est-ce que le moujik ne t’a