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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/81

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CONTES SECRETS RUSSES

mentent fort en ce moment. » Et le paysan de répondre : — « Si elle me donne encore cent roubles, je le dirai. » La fille revint en toute hâte à la maison. La barinia gisait sur son lit, plus morte que vive. « Prends, » ordonna-t-elle, « les cent roubles qui restent encore dans la commode et porte-les au plus vite à ce coquin ; dépêche-toi, car je suis sur le point de mourir ! » Lorsqu’on eut fait au paysan un troisième versement de cent roubles, il lâcha enfin le mot qu’on attendait de lui ; « Elle n’a qu’à dire Tprrou ! ils sortiront tout de suite. » La femme de chambre partit au galop ; de retour à la maison, elle trouva sa maîtresse sans connaissance, avec la langue qui pendait hors de la bouche. C’est pourquoi elle-même cria : « Tprrou ! » Les deux υιτς sortirent. La barinia était guérie, elle se leva, les prit et les mit en lieu sûr. Dès lors commença pour elle une existence fort agréable : sitôt qu’elle en avait envie, elle se faisait βαισερ par les υιτς et il lui suffisait de leur dire : « Tprrou ! » pour se débarrasser d’eux[1].

Un jour, la dame alla voir des amis à la campagne et elle oublia de prendre les υιτς avec elle. Le soir venu, elle éprouva un vif regret de ne pas les avoir et elle se disposa à regagner sa demeure. Ses hôtes insistèrent pour la garder jusqu’au lendemain.

  1. Variante. — Le paysan apprit à la dame qu’il fallait dire : No ! et Tprrou ! Au premier de ces commandements le υιτ entrait dans le trou, au second il en sortait, etc.