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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/82

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CONTES SECRETS RUSSES

« C’est absolument impossible, » dit-elle, « j’ai laissé chez moi certain objet sans lequel je ne puis dormir. — Eh bien ! si vous voulez, » répondirent les maîtres de la maison, « nous allons l’envoyer chercher par un homme sûr qui vous le rapportera intact. » La visiteuse y consentit. Aussitôt on ordonna à un laquais de seller un bon cheval et d’aller chercher l’objet en question chez la dame. « Tu le demanderas à ma femme de chambre, » ajouta-t-elle, « elle sait où il est. » Quand le laquais fut arrivé chez la barinia, la femme de chambre lui remit les deux υιτς, enveloppés dans du papier. Il les fourra dans sa poche de derrière et remonta à cheval pour retourner chez ses maîtres. Chemin faisant, le cavalier eut à monter une côte, et, comme son cheval allait trop lentement, il lui cria : « No, no ! » Aussitôt, les υιτς s’élancèrent hors du papier et s’introduisirent dans le κυλ du laquais, qui fut terriblement effrayé. « Qu’est-ce que c’est que ces monstres-là ? D’où viennent-ils, les maudits ? » pensa-t-il ; pour un peu, il aurait fondu en larmes, il ne savait que devenir. Mais, à la descente de la côte, le cheval prit une allure si rapide que le laquais dut lui crier : « Tprrou ! » À l’instant même, les υιτς évacuèrent l’endroit qu’ils occupaient, le domestique les prit, les enveloppa dans le papier et, arrivé à la maison, les remit à la barinia. « Eh bien ! » demanda-t-elle, « tu me rapportes cela en bon état ? — Que le diable les emporte ! » répondit-il, « si je n’avais pas