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CONTES SECRETS RUSSES

homme d’une voix suppliante, « aide-moi dans mon malheur ! — Qu’est-ce que tu me donneras, barine ? — Tiens, voici cent roubles. — Donne-m’en deux cents et je te viendrai en aide. » Le barine donna les deux cents roubles au moujik, qui lui retira l’anneau du doigt. Instantanément le υιτ du gentilhomme redevint ce qu’il était auparavant[1]. La voiture s’éloigna et le paysan retourna chez lui.

Sa femme, l’ayant aperçu par la fenêtre, courut à sa rencontre. « Eh bien ! » lui demanda-t-elle, « l’as-tu dégagé ? — Oui. — Allons, montre-le ! — Viens à la maison, je ne puis pas te le montrer dans la rue. » Dès qu’ils furent arrivés chez eux,

  1. Variante. — Le moujik, fatigué, se coucha et s’endormit, mais, pendant son sommeil, l’anneau qu’il avait gardé au doigt glissa de l’ongle jusqu’à la deuxième phalange ; instantanément le υιτ du dormeur atteignit la longueur de sept verstes ; étendu par terre, il ressemblait à un immense tronc de chêne. Soudain contre cet obstacle vient se heurter une voiture à trois chevaux qu’un jeune barine menait à toute vitesse. Crac ! l’essieu se brise ! Qu’est-ce que c’est que cela ? En suivant le υιτ, on arriva jusqu’au moujik. Le barine le réveilla. « Comment se fait-il, dis-moi, que tu aies un si grand υιτ ? » Le paysan raconta son histoire. « Vends-moi ton anneau. — Achète-le. — Combien coûte-t-il ? — Cent roubles. » Le gentilhomme déboursa les cent roubles et continua sa route. Chemin faisant, il mit l’anneau à son doigt et vit avec épouvante son membre prendre des proportions monstrueuses. Il revint trouver le moujik, qui, après s’être fait donner encore cent roubles, lui retira l’anneau du doigt.