Aller au contenu

Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
CONTES SECRETS RUSSES

elle, l’anneau que le dormeur portait sur l’ongle descendit au milieu du doigt, et la marchande fut tout à coup élevée à sept verstes de hauteur par l’allongement soudain du υιτ. Cependant la fille, ayant remarqué l’absence de sa mère, en soupçonna la cause et revint précipitamment chez elle. Dans la maison, personne ; elle va au jardin, et quel spectacle s’offre à ses regards ? Son mari dormant, le υιτ dressé en l’air, et tout au bout, à peine visible, la marchande qui, dans cette position, tourne au gré du vent comme une girouette. Que faire ? Comment arracher sa mère au danger d’une pareille situation ? Un rassemblement se forme en cet endroit ; c’est à qui trouvera un moyen de salut, chacun donne son avis. « Il n’y a qu’une chose à faire, » disent les uns : « prendre une hache et couper le υιτ. — Non, » répondent les autres, « il ne faut pas faire cela, ce serait tuer deux personnes. Si nous coupons le υιτ, la femme tombera par terre et se brisera tous les membres. Mieux vaut prier Dieu tous ensemble, il fera peut-être un miracle pour sauver la vieille. » Sur ces entrefaites, le dormeur s’éveilla, il s’aperçut qu’il avait l’anneau au milieu du doigt et que son υιτ dressé perpendiculairement sur une longueur de sept verstes le tenait lui-même si fortement pressé contre le sol qu’il n’aurait pas pu seulement se mettre sur l’autre côté. Tout doucement il retira l’anneau ; son υιτ se rapetissa peu à peu, et quand il ne fut plus que d’une coudée, le paysan remarqua que sa belle-mère était dessus. —