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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/95

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CONTES SECRETS RUSSES

riale, il aperçut dans le jardin une dame fort bien de sa personne ; il s’arrêta et regarda à travers la grille. « Qu’est-ce que tu fais là, jeune homme ? » demanda la dame. — « Je m’étais oublié à te contempler, Madame : tu es fort belle ! Si tu me montrais tes pieds jusqu’à la cheville, je te donnerais cent roubles ! — Pourquoi ne te les montrerais-je pas ? Tiens, regarde ! » Ce disant, elle releva un peu sa robe. Le jeune homme lui donna les cent roubles et retourna chez lui.

« Eh bien ! mon fils, » demanda le père, « de quel commerce t’es-tu occupé ? Qu’as-tu fait de tes cent roubles ? — J’ai acheté un terrain et du bois pour construire une boutique ; donne-moi encore deux cents roubles, il faut que je paie le travail des charpentiers. » Le père donna la somme demandée et le fils revint encore se camper devant la grille du même jardin. La dame, en le voyant, lui dit : « Pourquoi es-tu revenu, jeune homme ? — Laisse-moi entrer dans le jardin, Madame, et montre-moi tes genoux, je te donnerai deux cents roubles. » Elle le reçut dans le jardin et, relevant sa robe, lui montra ses genoux. Le gars lui compta l’argent, salua et regagna sa demeure. À son retour, son père le questionna : « T’es-tu organisé, mon fils ? — Oui, père, donne-moi trois cents roubles, je vais acheter des marchandises. »

Dès que le vieux paysan se fut exécuté, son fils alla de nouveau se poster devant la grille du jardin. Cependant le père se dit : « Si j’allais voir comment