Page:Convention - Colonies.djvu/17

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gleterre ; mais qu’on ne croie-pas pour cela que cette puissance cherche à nous enlever nos colonies ; qu’en ferait-elle dans l’état où elles sont ? Déchirées par des divisions intestines, il faudrait y entretenir une force considérable pour y mettre l’ordre et contenir les esclaves révoltés ; il faudrait ensuite y verser des capitaux immenses, pour rétablir les dévastations; tout cela encore dans l’incertitude d’en pouvoir retirer quelques fruits. Cette conquête, de quelque manière qu’on l’envisage, deviendra toujours trop onéreuse à l’Angleterre ; ainsi, on ne doit pas craindre qu’elle l’entreprenne. Mais le cabinet de Saint-James pourrait bien suivre le système perfide de la cour de Madrid, et employer des contre-révolutionnaires émigrés à Londres pour aller, soulever les esclaves dans nos colonies[1] ; et dût l’Angleterre, par ce moyen perfide, perdre les siennes dans cette partie, elle n’en arriverait pas moins à son système chéri, celui de la domination des mers.

Nous ne devons pas douter de l’intention des cours de l’Europe pour faire échouer notre révolution, et qu’elles emploieront tous les moyens pour réussir à la renverser ; mais toutes n’ont pas dû manifester ouvertement leurs intentions à ce sujet. Les puissances maritimes, par exemple, et surtout celles qui ont de vastes colonies, ont dû, par politique, ne pas se déclarer , parce que, connaissant l’esprit et les principes de notre révolution, elles ont dû craindre de les voir porter dans leurs possessions, qu’elles ne pouvaient faire assez garder pour les empêcher d’y pénétrer. En conséquence, elles ont caché leurs sentiments ; et

  1. (1) On annonce déjà que plusieurs scélérats sont à Londres pour s’embarquer pour, Saint-Domingue, afin d’y remplir cette abominable mission.