Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/294

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expresse aux ordres du Seigneur ; c’est ne vouloir pas même observer les dehors de la religion. J’aime à croire que John n’a écouté que sa légèreté naturelle, et qu’il n’a pas vu les conséquences de sa conduite. S’il ne change pas, et qu’il ne se montre pas bon chrétien, j’ai bien peur que la pauvre Grace n’ait de la peine à se maintenir dans ses bonnes résolutions. Mrs Wilson secoua la tête d’un air pensif, et Émilie fit une prière mentale pour ce qu’elle appelait la conversion de son frère.

À son arrivée, lady Laura s’était empressée de venir rendre visite aux Moseley ; elle leur avait appris que son mari était nommé membre du parlement, et qu’il venait de prendre une maison à Londres. Ils virent bien qu’il serait presque impossible d’éviter de le rencontrer, puisqu’ils ne pouvaient s’empêcher de répondre, au moins par des visites éloignées, à l’empressement que lady Laura leur témoignait, et ils n’auraient pu se conduire autrement sans se faire tort à eux-mêmes ; car le monde, toujours disposé à médire, n’eût pas manqué de publier bientôt que la manière d’être de la famille Moseley envers un homme auquel elle avait de si grandes obligations ne venait que du dépit qu’elle éprouvait de ce qu’il n’avait pas choisi une femme dans son sein.

Si le baronnet eût été instruit de la fatale découverte que sa sœur avait faite, il eût cherché à éloigner tout rapprochement avec la famille de Denbigh ; mais la discrétion dont Mrs Wilson et Émilie s’étaient fait un devoir les exposait non seulement aux avanies de lady Laura, mais encore au désir qu’éprouvait toute la famille d’y répondre, et elles se soumirent aux épreuves qui peut-être les attendaient, avec un chagrin qu’adoucissait un peu leur respect pour lady Denbigh et leur pitié pour sa confiance abusée.

Une parente éloignée de lady Moseley désirant donner une fête où elle comptait rassembler ses amis, s’empressa d’y faire inviter son vénérable parent, M. Benfield, aussitôt son arrivée à Londres. Si ce fut seulement parce que la dame se rappela qu’il était cousin de son père, ou si ce souvenir fut appuyé de celui des codicilles que les gens âgés ajoutent quelquefois à leur testament, c’est ce que nous n’entreprendrons pas de décider : quoi qu’il en soit, le vieillard fut flatté de l’invitation qu’il reçut ; il était encore trop galant pour ne pas se rendre à l’appel d’une dame, et il consentit à accompagner chez elle le reste de sa famille.