Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/335

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avait toujours reproché d’avoir usé de quelque supercherie avec son père, et qui déplorait surtout que George restât si longtemps exilé de son pays et de la maison paternelle, s’était jetée aux pieds de sir Peter et lui avait avoué franchement sa faute.

L’amiral l’écouta avec surprise, mais sans colère ; sa manière de voir était sensiblement changée, et il aimait trop son gendre pour se repentir de lui avoir donné sa fille. Mais il ne put s’empêcher de plaindre le pauvre George. Son noble dévouement le toucha, et il intercéda pour lui auprès de son père qui, soupirant après le retour de son fils, son unique espoir, était tout disposé à lui pardonner.

L’amiral légua au colonel Denbigh ses pistolets favoris, en souvenir de son amitié, mais il ne vécut pas assez pour être témoin de sa réconciliation avec son fils.

George, transporté sur un théâtre tout nouveau pour lui, eut bientôt oublié une passion qui était sans espoir, et que la présence d’Isabelle n’entretenait plus. Après deux ans d’absence, il revint en Angleterre, brillant de santé, plus aimable, plus sémillant que jamais, enfin ayant su mettre à profit ses voyages, et ayant acquis de l’instruction et de l’expérience en parcourant le monde.





CHAPITRE XLV.


Vous me trouvez coquette : c’est que vous êtes jaloux ; vous vous défiez de vous-même, et vous redoutez un rival. En effet, je suis à celui qui saura me plaire : je dis que je n’aime pas la flatterie ; mais je ne dis pas qu’un flatteur adroit me trouve insensible.
Ramsay.


Pendant que ces événements se passaient autour de lui, Francis avait continué à habiter tristement la maison de son oncle. Le duc et son frère avaient trop d’indolence, trop de paresse d’esprit, pour percer le nuage que la mortification et l’amour-propre blessé avaient répandu autour du caractère véritable de leur neveu ; et