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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/361

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seau et les lignes d’un problème mathématique semblaient être pour lui des labyrinthes où il ne s’était jamais hasardé.

Il fut peut-être heureux pour la sûreté de l’équipage que la Belle Fontange possédât un officier inférieur, né à Boulogne-sur-Mer, qui était assez instruit pour s’apercevoir si le bâtiment suivait une bonne route et s’il ne déployait pas quelques-unes de ses voiles de perroquet dans un moment inopportun. Le vaisseau lui-même était élégamment et régulièrement construit. Ses agrès étaient légers et aériens, et il avait une grande réputation de rapidité. Il semblait partager son seul défaut avec son commandement, et manquait peut-être de la solidité nécessaire pour résister aux vicissitudes et aux dangers de l’élément turbulent sur lequel il était destiné à voguer.

Les deux vaisseaux étaient alors à environ un mille de distance l’un de l’autre. La brise était calme et suffisamment fraîche pour toutes les évolutions ordinaires d’un combat naval, tandis que les vagues étaient assez tranquilles pour permettre que les vaisseaux fussent manœuvrés avec confiance et justesse. La Fontange courait de l’avant vers l’est, et, comme elle avait l’avantage du vent, ses hauts espars s’inclinaient doucement dans la direction de son adversaire. La Coquette naviguait sur l’autre bord, et nécessairement inclinait son flanc du côté opposé à l’ennemi. Les deux vaisseaux étaient dépouillés de leurs voiles de perroquet, de leurs brigantines et de leurs grands focs, quoique les voiles hautes du bâtiment français flottassent à la brise comme les plis gracieux de quelque drapeau fantastique. On ne voyait aucun être humain sur l’un ni sur l’autre vaisseau, quoique des masses sombres autour de chaque tête de mât prouvassent que les gabiers étaient préparés à remplir leur devoir, même dans la confusion et les dangers d’un combat. Une ou deux fois la Fontange inclina davantage son avant dans la direction de la Coquette, puis, se relevant au vent, elle s’arrêta pleine de majesté. Le moment était proche où les vaisseaux pourraient se mettre en travers à un point où le mousquet eût rapidement envoyé son messager à travers l’espace qui les séparait.

Ludlow, qui surveillait attentivement tous les changements de position ainsi que les variations de la brise, se rendit sur la poupe et parcourut l’horizon avec sa lunette, pour la dernière fois avant que son vaisseau ne fût enveloppé de fumée. À sa grande sur-