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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/381

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— N’est-ce pas une poule d’eau ? — Non. Ah ! voilà le même objet sous le bâton de foc du tribord. C’est le Français qui arrive dans son orgueil, et il sera heureux celui qui vivra pour compter les blessés, et se vanter de ses actions.

Le contre-maître descendit du gaillard d’avant et passa au milieu de l’équipage, ayant tout oublié excepté le devoir du moment. Ludlow resta seul sur le gaillard d’avant. Il y eut sur le vaisseau un murmure qui ressemblait au souffle de la brise qui se lève, puis tout retomba dans un profond silence.

La Coquette était à l’ancre, l’avant tourné vers la pleine mer, et la poupe se trouvait nécessairement pointée vers la terre. La distance de cette dernière était de moins d’un mille, et la direction de la carène du bâtiment était causée par le lourd gonflement du fond de la mer, qui soulevait constamment les vagues sur le large banc de l’île. Les drisses étaient tournées vers la partie la plus sombre de la mer, et Ludlow se promenait sur le beaupré afin que rien ne se passât sans qu’il s’en aperçût entre lui et le point de l’Océan qu’il surveillait. Il n’y était pas depuis une minute lorsqu’il distingua une ligne d’objets sombres qui s’avançaient vers le vaisseau. Assuré de la position de son ennemi, il revint à bord et descendit parmi ses gens. Un instant après il se rendit de nouveau sur le gaillard d’avant, sur lequel il se promena lentement comme un homme qui jouit de la fraîcheur de la nuit.

À la distance d’environ cent brasses la ligne sombre de bateaux s’arrêta, et commença à changer l’ordre de sa marche. Dans ce moment la première bouffée de la brise de terre se fit sentir, et la poupe du vaisseau s’inclina gracieusement vers la pleine mer.

— Aidez l’artimon ! laissez tomber la voile de hune ! dit le jeune capitaine à voix basse, à ceux qui étaient au-dessous de lui.

La minute d’ensuite, on entendit le frappement de la voile qu’on venait de laisser aller. Le vaisseau reçut une secousse, et Ludlow continua à marcher en silence.

Une lumière s’élança au-delà de la barre verticale placée sous le chouquet de beaupré, la fumée roula le long de la mer, devancée par une masse destructive qui sifflait au-dessus de l’eau. Un bruit dans lequel le commandement était mêlé aux cris succéda à cette décharge. Puis on entendit les avirons fendre l’onde ne