Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/100

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grande expérience dans ce genre de combat, qui dura des heures entières, nous jugerions indigne du sujet de borner sa description à un simple chapitre. Avant de terminer celui-ci, nous exprimerons cependant notre opinion concernant les facultés humaines mises en action dans cette lutte sublime.

L’Amérique a eu le sort singulier d’être la source de nombreuses théories ingénieuses qui ont pris naissance dans l’ancien hémisphère, et qu’on a lancées dans le monde pour répondre à un but qu’il serait trop long de vouloir pénétrer. Les prélats, hauts dignitaires salariés par l’État, prétendent qu’on ne sert pas Dieu dans notre pays, probablement parce qu’il n’y existe pas de prélats salariés hauts dignitaires ; conclusion suffisamment logique pour tous ceux qui croient en l’efficacité de cette classe d’humbles chrétiens ; tandis que les néophytes de quelque religion nouvellement inventée nous dénoncent tous, en corps, comme de misérables bigots voués au Christ ! De cette manière une nation laborieuse et probe, de quatorze millions d’âmes, diffère d’opinions du reste des hommes, les uns la croyant au-delà, et les autres en-deçà de la vérité. Dans le terrible catalogue de nos péchés mortels est incluse une propension à des excès semblables à ceux que nous racontons. Comme nous sommes ouvertement démocrates, boire la goutte a été particulièrement appelé un vice démocratique.

Nous avons eu le rare bonheur de vivre dans la familiarité d’une plus grande variété d’hommes, soit relativement à leur caractère, soit à leur condition, qu’il n’est donné généralement. Nous avons visité bien des pays, non pas comme un courrier, mais avec calme, mais comme il convient à un homme adonné à des occupations graves, érigeant nos dieux domestiques dans un lieu, et y séjournant assez longtemps pour voir de nos yeux et entendre de nos oreilles ; nous nous appuyons de ces faits pour oser exprimer une opinion différente, au milieu de la foule d’assertions qui ont été faites par ceux qui n’ont pas de meilleurs droits pour être entendus. Nous disons d’abord ici que, si devant une cour de justice un témoin droit, intelligent, impartial, est peut-être la chose la plus rare et la plus désirable pour éclairer sa marche, de même nous reconnaissons qu’un voyageur qui mérite une entière créance est le mortel le plus difficile à trouver.

L’art de voyager est plus pratiqué que compris. Pour nous il a