Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous avons vu un nombre infini de braves chevaliers dans les maisons les plus distinguées de Paris, et au joyeux château de Fontainebleau ; croyez-moi, aucun n’était mieux fêté ni plus recherché. Les blessures reçues à Marignan ou à Pavie ont moins de prix que celles qui ont été infligées par les mains des infidèles.

— Tu as raison, mon savant confrère, répondit Siegfried avec un sourire moqueur, de nous rappeler la bataille de Pavie et la demeure présente de mon maître ! Avez-vous eu dernièrement des nouvelles de Castille, ou n’est-il plus permis à ton prince d’envoyer des courriers dans sa capitale ?

— Révérend moine, vous faites des allusions peu amicales, et vous oubliez que, comme vous, nous sommes serviteurs de l’Église.

— Nous ne vous comptons ni l’un ni l’autre parmi les nôtres. Saint Pierre le martyr, que deviendraient tes clefs si elles étaient confiées à de telles mains ! Allez, abaissez votre vanité, mettez de côté cet attirail de velours, si vous voulez être reconnu pour appartenir au troupeau.

— Maître Latouche, s’écria Emich, dont le sang bouillait d’indignation, mais qui conservait son sens, afin de faire circuler les coupes et de surveiller les prouesses de chaque homme dans ce singulier combat, parlez-lui de son frère de Vittenberg, et de ses derniers exploits dans la ruche. Enfoncez cette épine dans son pied, et vous le verrez reculer comme une vieille haridelle qui sent la pointe de l’éperon. — Qui es-tu et pourquoi viens-tu troubler mes plaisirs ?

Cette soudaine interrogation fut adressée par le baron à un jeune homme dont la toilette était propre, mais modeste, qui venait d’entrer dans la salle du banquet, et qui, passant au milieu des valets qui remplissaient les verres, alla se placer, avec un maintien ferme, mais respectueux, à côté de son maître.

— Je suis Berchthold, dit le jeune homme, le forestier de monseigneur ; on, m’a dit de venir attendre vos ordres, noble comte.

— Tu es arrivé à temps pour maintenir la paix entre un chevalier de Saint-Jean et un bavard de bénédictin. Ce révérend abbé voulait t’accorder une faveur, jeune homme.

Berchthold salua respectueusement et se tourna vers le prélat.

— Tu es l’orphelin de notre ancien vassal, celui qui portait le