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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/120

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qui étaient rendus, depuis le bourgmestre jusqu’au bailli. Parmi les remarques diverses et mal dirigées qu’on fait sur les Américains et leurs institutions, il est une plaisanterie reçue, c’est de se moquer de leur amour des dignités officielles ; mais celui qui a non seulement vu, mais comparé son propre pays et l’étranger, a eu de nombreuses occasions de remarquer que cette accusation, comme la plupart de celles qui ont été faites, est plus légère que juste. Le fonctionnaire qui est littéralement un serviteur du peuple, quelles que soient ses dispositions, ne peut jamais l’emporter sur ses maîtres ; et quoique ce soit une ambition honorable que de souhaiter de se distinguer ainsi, nous n’avons qu’à examiner les institutions pour voir que, dans cette circonstance, comme dans beaucoup d’autres, il y a peu d’analogie entre l’Amérique et les autres nations. On a peut-être fait cette remarque parce qu’on a trouvé parmi nous du respect pour l’autorité officielle, au lieu de l’anarchie qu’on espérait, et qu’on désirait peut-être y trouver.

À la grand-messe de Limbourg, on observa plus de cérémonies en conduisant à leurs places dans l’église les dignitaires du village, qu’on n’en observe en conduisant le chef de cette grande république à la haute station qu’il occupe, et un habitant du couvent prenait soin qu’aucun bourgeois n’approchât de l’autel du maître de l’univers sans lui rendre les marques de respect dues à son rang temporel ! Dans les pays où les fidèles paraissent dans les temples comme ils doivent paraître dans leurs tombes, égaux dans leur confiance en la miséricorde de Dieu comme ils sont égaux en faiblesse, il n’est pas facile de comprendre le sophisme qui enseigne l’humilité et la pénitence en paroles, et invite à l’orgueil et à la vanité en pratique, et qui, lorsqu’on lui demande compte de sa conduite, se défend de l’inconséquence dont on l’accuse, en mettant cette accusation sur le compte de la jalousie.

On avait donc reçu avec une cérémonie convenable différents fonctionnaires de Duerckheim ; mais les marques de respect les plus profondes étaient réservées pour un bourgeois qui ne passa pas la porte avant que le peuple fût assemblé en corps dans l’église. Ce personnage, dont les cheveux commençaient à grisonner, et dont l’embonpoint et les formes vigoureuses annonçaient une santé parfaite et une vie aisée, arrivait à cheval ; car, à l’époque dont nous parlons, un sentier conduisait jusqu’au por-