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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/130

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sert encore à les embellir. Elle entrait par de hautes fenêtres étroites, ornées de vitraux peints, colorant tous les objets d’une teinte en harmonie avec le caractère sacré du lieu. La profondeur et la position retirée de la chapelle rendaient cette lumière plus douce et plus touchante dans les tombeaux. Lorsque le comte atteignit ce lieu solitaire, car peu de personnes descendaient dans cette voûte solennelle sans éprouver cette crainte religieuse, il se signa ; et en passant devant l’autel élevé par sa famille, il fléchit le genou devant la douce et belle image qui représentait la mère du Christ. Il se croyait seul, et prononça une prière ; car, bien qu’Emich de Leiningen fût un homme qui communiquait rarement avec Dieu lorsqu’il s’abandonnait aux railleries humaines, il avait dans le cœur un profond respect pour son pouvoir. Comme il se levait, un mouvement près de lui attira son attention.

— Ah ! c’est toi, père prieur, s’écria-t-il en retenant autant que possible sa surprise. Tu es prompt à te rendre de ta stalle à la chaire, et plus prompt encore de la chaire à la chapelle !

— Nous autres moines voués à une vie dévote, nous avons besoin d’y être souvent. Vous étiez agenouillé, comte Emich, devant l’autel de votre famille.

— Par saint Benoît ton patron, tu m’as en effet trouvé en prières, mon père ; c’est une faiblesse qui m’a surpris en entrant dans ce sombre lieu, et je voulais payer un tribut de respect à l’ombre de ceux qui ont vécu avant moi.

— Appelez-vous le désir de prier une faiblesse ! Devant quel autel pourriez-vous prier avec plus de ferveur que devant celui qui a été élevé par votre propre famille, ou enrichi par elle ; et dans quel moment pouvez-vous rentrer avec plus de dévotion en vous-même, et demander les secours divins, que lorsque vous êtes devant le tombeau de vos ancêtres ?

— Père prieur, vous oubliez le but de ma visite, qui était d’entendre la messe à l’abbaye, et non pas de me confesser et de recevoir des remontrances.

— Il y a longtemps que vous n’avez été purifié par le sacrement de la confession, comte Emich !

— Tu as eu du succès aujourd’hui, mon père, et je ne doute pas que les bourgeois de Duerckheim ne s’entretiennent de ton sermon toute la journée. Ta réputation comme prédicateur est grande, et ton discours de ce matin t’obtiendrait un évêché si les