Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces dernières guerres, le souverain fut médiatisé, et reçut en indemnité des domaines de l’autre côté du Rhin.

Comme ce terme de médiatisé n’est pas souvent employé, il a peut-être besoin d’une explication. L’empire germanique, ainsi que presque tout le reste de l’Europe, était autrefois divisé en une multitude innombrable de petites souverainetés, constituées sur les bases du pouvoir féodal. En même temps que le hasard, le talent, les alliances ou la trahison avancèrent la fortune des plus puissants de ces princes, leurs voisins les plus faibles commencèrent à disparaître, ou à prendre une position subordonnée sur l’échelle sociale. C’est de cette manière que s’est graduellement composé le royaume, d’abord insignifiant, de France, privé qu’il était alors de la Bretagne, la Bourgogne, la Navarre, le Dauphiné, la Provence et la Normandie, et de plusieurs autres provinces. C’est de cette manière aussi que l’Angleterre fut formée de l’heptarchie. Le système confédératif de l’Allemagne a continué plus ou moins cette organisation féodale jusqu’à nos jours. La formation de l’empire d’Autriche et de la Prusse a détruit un grand nombre de ces principautés, et les changements produits par la politique de Napoléon ont donné le coup de grâce, sans distinction, à tous les petits souverains qui avoisinaient le Rhin. Parmi ces derniers étaient les princes de Leiningen, dont les possessions furent primitivement incluses dans les limites de la république française, puis dans celles de l’empire, et ont passé depuis sous la loi du roi de Bavière, qui, comme héritier légitime du duché voisin de Deux-Ponts, avait en sa possession une portion assez vaste de l’Allemagne pour engager le congrès de Vienne à ajouter à ses domaines, son but étant de former une barrière à l’agrandissement futur de la France. Comme les familles souveraines dépossédées ont la permission de garder leur titre de convention, et fournissent au besoin des femmes et des maris aux branches régnantes des diverses familles princières, le terme médiatisé a été assez heureusement appliqué à leur situation.

— Le jeune prince était ici la semaine dernière, continua notre hôte ; il logeait dans ce pavillon, et y a passé plusieurs jours. Vous savez qu’il est le fils de la duchesse de Kent, et frère utérin de la jeune princesse, qui sera probablement un jour reine d’Angleterre.