Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/15

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— A-t-il des domaines ici, ou est-il encore, soit d’une manière ou d’une autre, attaché à votre gouvernement ?

— Tout ce qu’on lui a donné est en argent ou de l’autre côté du Rhin. Il alla visiter les ruines du vieux château, car il éprouvait une curiosité bien naturelle de voir les restes d’un édifice que ses ancêtres avaient construit.

— Alors c’étaient les ruines du château de Leiningen que j’ai vues sur la montagne en entrant dans la ville ?

— Non, mein Herr ; vous avez vu celles de l’abbaye de Limbourg ; celles de Hartenbourg, car c’est ainsi qu’on appelait le château, sont plus loin, au milieu des montagnes.

— Quoi ! une abbaye en ruines, ainsi qu’un château ! Voilà une occupation suffisante pour le reste de la journée. Une abbaye et un château !

— Et l’Heidemnauer et le Teufelstein !

— Comment ! un Camp des Païens et une Pierre du Diable ! Vous êtes riches en curiosités !

Notre hôte continua de fumer philosophiquement.

— Avez-vous un guide pour me conduire dans ces endroits par le plus court chemin ?

— Le premier enfant peut le faire.

— Mais je désirerais quelqu’un qui parlât français ; car mon allemand est loin d’être classique.

Le digne aubergiste secoua la tête.

— Il y a ici un nommé Christian Kinzel, reprit-il après un moment de réflexion, un tailleur qui n’a pas beaucoup de pratiques, et qui a vécu quelque temps en France ; il peut vous être utile dans votre excursion.

Je répondis qu’un tailleur pourrait trouver qu’il serait bon pour sa santé de se détirer un peu les jambes.

L’aubergiste s’amusa de mon idée, et quitta sa pipe pour rire à son aise ; sa gaieté était franche comme celle d’un homme sans remords.

L’affaire fut promptement arrangée. On envoya un messager à Christian Kinzel, et prenant mon petit compagnon de voyage par la main, je marchai en avant, attendant l’arrivée du guide. Mais comme j’ai l’intention d’occuper beaucoup le lecteur du lieu que je vais décrire, il est nécessaire qu’il possède une juste connaissance de ses localités.