Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/158

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— Avec l’importunité la plus offensante. Si les affaires ne sont pas promptement arrangées, nous en viendrons à des dissensions ouvertes et scandaleuses.

— Je donnerais mes plaisirs de chasses pendant un hiver pour que Frédéric fût encore serré de plus près ! s’écria le comte, portant de nouveau la main sur les genoux du bourgmestre, dont il étudiait le visage avec une expression qui n’était pas perdue pour son compagnon. Je parle ainsi afin que de cette manière il puisse distinguer ses vrais amis de ceux qui ne le sont pas.

Heinrich Frey garda le silence.

— L’électeur est un bon et aimable prince, mais il se laisse terriblement conduire par la cour de Rome ! Je crains que nous n’ayons jamais un voisinage tranquille, malgré toute notre patience, jusqu’à ce que l’Église soit persuadée qu’elle doit limiter son autorité à ses devoirs.

Les paupières du bourgmestre se baissèrent, comme par l’effet de la réflexion.

— Je crains principalement, Heinrich, que mes chers et bons habitants de Duerckheim ne perdent cette occasion de recouvrer leurs droits, continua le comte, pressant le genou qu’il tenait toujours, jusqu’à ce qu’enfin la chair du compacte citoyen fléchît sous la force de cette pression. Que disent-ils dans le conseil touchant cette affaire ?

Le bourgmestre ne pouvait garder plus longtemps le silence, mais il était facile de s’apercevoir, au jeu des pesants muscles de son visage, qu’il ne donnait son opinion qu’avec répugnance.

— On parle parmi nous, noble comte, suivant la fortune du duc Frédéric. Lorsque de bonnes nouvelles nous arrivent de l’autre côté du fleuve, la confrérie est maltraitée dans nos discours ; mais lorsque les troupes de l’électeur triomphent, nous trouvons prudent de nous rappeler qu’elle a des amis.

— Par la vérité de Dieu ! Heinrich, il est temps que vous en veniez à des conclusions positives, ou nous serons mal bridés dans la suite par ces prêtres hautains. N’êtes-vous pas fatigués de leurs exactions, et attendrez-vous patiemment qu’ils en fassent davantage ?

— Dans cette circonstance nous trouvons que nous en avons suffisamment. Il n’y a pas une ville entre Constance et Leyden qui soit plus lasse de payer que Duerckheim ; mais nous sommes