Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/17

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suivant le cours de l’eau qui se jette dans la Moselle, descend presque aussi graduellement dans le duché de Deux-Ponts, de l’autre côté de la chaîne. La possession de ce passage, dans les siècles de violence où l’on ne connaissait point la loi, était donc un titre de distinction et de pouvoir, puisque tous ceux qui le traversaient étaient pour ainsi dire à la merci de celui qui en avait la propriété.

En quittant la ville, mon petit compagnon et moi nous entrâmes aussitôt dans la gorge. Le passage était étroit ; mais on apercevait bientôt une vallée de la largeur d’un mille, dans laquelle deux ou trois défilés avaient une issue, sans compter celui par lequel nous étions entrés ; mais un seul conservait son caractère pendant une certaine distance. L’étendue de cette vallée ou bassin, puisque ce devait en être un lorsque le Palatinat était un lac, est beaucoup rétrécie par une montagne, dont la base, couvrant un quart de l’espace, s’élève absolument au centre, et qui, sans aucun doute, se trouvait une île lorsque la vallée était une haie. Le sommet de cette montagne est plat et d’une forme ovale irrégulière ; il peut contenir six ou huit acres de terre. C’est là que sont situées les ruines de Limbourg, but principal de notre excursion.

La montée, de plusieurs centaines de pieds, était excessivement raide. Des pierres de taille d’une couleur rougeâtre se montraient sous une terre rare. Le soleil dardait des rayons de feu sur les rocs, et je commençais à peser les avantages et les désavantages de cette course, lorsque le tailleur arriva avec le zèle d’un homme qui n’est point encore fatigué.

— Voici Christian Kinzel ! s’écria ***** pour qui la nouveauté avait toujours un attrait, et qui dans sa jeune existence avait déjà gravi avec courage les Alpes, les Apennins, le Jura et les montagnes de Calabre, des tours, des monuments, des dômes, et tout ce qui avait pu servir à l’élever dans les airs. — Allons, grimpons !

Nous escaladâmes la montagne, et, tournant parmi des terrasses sur lesquelles croissaient la vigne et des végétaux, nous atteignîmes promptement la plate-forme naturelle. On découvrait du sommet une vue magnifique. Mais ce serait trop se presser que de la décrire ici. Toute la surface de la montagne prouvait l’ancienne étendue de l’abbaye qui avait été entièrement entourée par