Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/189

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parce que, dans les pays où la nature a été libérale, l’homme est tenu dans une contrainte morale ; et dans ceux où il est assez éclairé et assez libre pour sentir le besoin des commodités de la vie, la nature a refusé à sa patrie les dons nécessaires à leur existence. En Amérique seulement, ceux qui n’ont point de fortune unissent à l’agrément de l’espace la solitude et le luxe qui dépendent des causes dont nous avons fait mention ; car c’est seulement en Amérique qu’on trouve les usages nécessaires à leur production, auxquels se joignent le climat, le prix peu élevé des matériaux et des terres, et qui placent tous ces avantages à la portée de ceux qui ne sont pas riches. Nous désirons donc qu’il soit compris que nous parlons avec la conscience de cette différence dans la valeur des termes ; sans cette explication, je pourrais n’être que difficilement compris par mes compatriotes.

Nous avons donné cette explication de crainte que le lecteur américain ne s’imaginât qu’il y eût quelque rapport entre le hameau d’Hartenbourg et l’un des plus vieux établissements des États-Unis. L’époque reculée pourrait en effet donner raison de soupçonner une telle ressemblance. Mais l’histoire que nous racontons fût-elle de nos jours, cela serait à peine probable. On trouve la propreté chez les Allemands, comme chez presque tous les autres peuples du Nord, suivant leur degré de civilisation ; et la multiplicité des petites capitales, qui ont été plus ou moins embellies par leurs différents princes, donne à l’Allemagne un plus grand nombre de villes propres et spacieuses, proportionnellement à la population, qu’on n’en rencontre dans la plupart des autres contrées de l’Europe. Mais, comme partout ailleurs sur le continent, le pauvre est vraiment pauvre.

Le petit amas de maisons groupées sous les bastions saillants d’Hartenbourg avait ce caractère modeste qui appartient à presque tous les hameaux. Les chaumières étaient construites de poutres et de boue, couvertes en chaume, et avec de petites croisées auxquelles, dans ce siècle, le verre était étranger. En parlant des agréments de la chaumière de Lottchen, nous n’avions pas l’intention de dire autre chose, sinon qu’elle était supérieure aux autres dans les détails que nous venons de tracer, et qu’elle avait de plus le mérite d’une extrême propreté. Les meubles néanmoins donnaient une preuve plus évidente de l’ancienne condition de celle qui l’occupait. Lottchen avait sauvé du nau-