Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/28

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ni de douceur. Ils parurent familiers au jeune forestier, qui ne les eut pas plus tôt entendus, qu’il remit son instrument à sa place ordinaire, reprit son fusil, et se posa dans l’attitude d’un homme qui attend.

Il ne se passa pas plus d’une minute avant qu’un autre jeune homme parût dans le sentier, un peu plus haut dans le défilé, et s’avançât lentement vers le forestier. Son costume était rustique, c’était celui d’un paysan. Il portait à la main un tube long et étroit de bois de merisier, enveloppé d’écorce, ayant une ouverture et une petite sonnette au côté opposé, ressemblant à celle d’une trompette. En avançant, son visage portait une expression de mauvaise humeur, rendue plus comique que grave par un large chapeau rabattu, dont le devant lui tombait sur les yeux, et qui était retroussé prétentieusement par derrière. Ses jambes, comme celles du forestier, étaient emprisonnées dans des espèces de guêtres en peau, qui les laissaient nues et libres au dessous du genou, tandis que le vêtement supérieur était lâche de manière à ne gêner aucun de ses mouvements.

— Tu viens bien tard, Gottlob, dit le jeune forestier au paysan, et le vieil ermite ne nous en recevra pas mieux pour l’avoir dérangé de ses prières. Qu’est devenu ton troupeau ?

— Que le saint homme du Camp des Païens le lui dise lui-même, car je ne pourrais répondre à cette question, quand elle me serait faite par le seigneur Emich lui-même, et du ton dont il a l’habitude de parler à l’abbé de Limbourg : Qu’est devenu ton troupeau, Gottlob ?

— Ce n’est point une plaisanterie si tu as réellement laissé échapper les animaux ! Où les as-tu vus en dernier lieu ?

— Ici, dans la forêt d’Hartenbourg, maître Berchthold, sur l’honneur d’un humble serviteur du comte.

— Tu perdras ta place par ta négligence, Gottlob !

— Ce serait bien dommage si tu disais vrai, car, dans ce cas, lord Emich perdrait le plus honnête gardeur de vaches de toute l’Allemagne, et je serais désolé d’entrer chez les frères de Limbourg ! Mais les vaches ne peuvent être éloignées, et je vais essayer encore une fois la vertu de mon cor avant de retourner au logis recevoir des coups et me faire renvoyer. Savez-vous, maître Berchthold, que le malheur dont vous parlez n’est arrivé à aucun membre de ma famille ; et nous sommes gardeurs de bes-