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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/317

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en buvant à chaque ouverture d’où l’eau jaillissait. Il fut suivi par tous ses compagnons. Mais il passa sans s’arrêter devant le plat d’argent, et entra dans l’enceinte vénérée, priant à haute voix jusqu’à ce que ses pieds en eussent touché le seuil. Alors il alla se mettre à genoux sur la pierre froide devant la châsse, les yeux fixés sur l’image de Marie. Les autres pèlerins imitèrent ses mouvements, et en moins de quelques minutes tous étaient agenouillés et en prières.

L’ancienne église d’Einsiedlen, — car elle a été reconstruite depuis lors sur des dimensions encore plus vastes et plus magnifiques, — avait été élevée autour de l’emplacement où se trouvait primitivement la cellule de saint Meinard. C’était dans cette cellule qu’était la chapelle qui, à en croire la tradition, avait été construite par des anges, et le tout se trouvait renfermé dans l’enceinte de l’église. La chapelle était petite en comparaison de l’édifice qui la contenait ; mais un prêtre pouvait y dire la messe, et elle était suffisante pour contenir les riches offrandes de la piété. Les murs en étaient revêtus de plaques de marbre, noircies par le temps et par les exhalaisons des lampes ; tandis que des ouvertures pratiquées par-devant et sur les côtés, et protégées par des grilles artistement travaillées, permettaient de découvrir l’intérieur.

Dans le fond de cette sainte chapelle étaient les images de la Vierge et de l’Enfant. Elles étaient chargées, comme c’est l’usage dans toutes les chapelles en grand renom, de pierres précieuses et de plaques d’or. Les deux figures avaient une teinte fortement bronzée et tout orientale, sans doute pour rappeler une origine et une destinée qui n’avaient rien d’humain. Des lampes d’argent doré répandaient sur toute la chapelle une vive lumière, et l’esprit le plus sceptique ne pouvait voir ce coup d’œil sans en éprouver la mystérieuse influence. Telle était la châsse de Notre-Dame-des-Ermites, à l’époque de notre histoire, et telle elle est aujourd’hui, sans autres changements que ceux que le temps a pu y apporter.

Nous avons visité ce rendez-vous des fidèles catholiques dans ce pays de montagnes et de frimas ; nous nous, sommes promené, vers la fin du jour, au milieu de ses nombreuses chapelles si bien décorées ; nous avons vu le paysan de la Forêt-Noire, le Hongrois basané, le Piémontais à l’œil étincelant, l’Allemand aux