Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/32

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Le sentier que suivait le forestier, conduisait de la vallée à la montagne, par une montée facile, à une grande porte qui s’ouvrait sur une roche élevée communiquant avec l’intérieur par une cour. De ce côté du château, il n’y avait ni fossé ni pont, ni aucune autre des défenses ordinaires, à l’exception d’une herse ; car la position de la forteresse rendait en quelque sorte ces précautions inutiles. Cependant on avait pris grand soin de prévenir une surprise, et il aurait fallu avoir un pied bien sûr, une tête bien calme, et des membres bien vigoureux, pour essayer d’entrer dans cet édifice par un autre passage que par la grille.

Lorsque Berchthold eut atteint la petite terrasse qui était dans le portail, il prit son cor, et, debout sur le bord du précipice, il commença un air de chasse, suivant toute apparence, dans un accès de gaieté. Les sons furent répétés par les échos des montagnes, et plus d’une matrone du village suspendit son travail pour écouter avec admiration cette sauvage harmonie. Replaçant son instrument, le jeune homme caressa ses chiens, et passa sous la herse qui était levée à ce moment.


CHAPITRE II.


Que dis-tu d’un lièvre ou d’une bécasse mélancolique ?
ShakspeareHenry IV.



La lumière avait presque entièrement disparu du ravin où est situé Hartenbourg, lorsque Berchthold descendit du château par un sentier différent de celui par lequel il y était arrivé une heure auparavant ; et, traversant la rivière sur un pont de pierre, il gagna le rivage opposé jusque dans la rue, ou plutôt sur la route. Le jeune forestier ayant enfermé les chiens, avait mis de côté sa laisse et son fusil, mais son cor était toujours attaché à son épaule. Il portait aussi à son côté un couteau de chasse, arme défensive fort utile dans ce siècle et dans ce pays, et qu’il avait le droit de porter en vertu de sa charge chez le comte de Leiningen-Hartenbourg, maître de la forteresse qu’il venait de quitter, seigneur