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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/345

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aussi respectables, sire chevalier, ajouta l’abbé d’un ton plus confidentiel, m’est-il permis d’exprimer ma surprise de vous voir condamné à un pèlerinage pour crime commis envers un couvent ?

Albrecht de Viederbach haussa les épaules et regarda son cousin d’une manière significative :

— Que voulez-vous, noble et révérend prélat ! nous sommes les créatures des circonstances. On doit quelque chose à ses amis et à l’hospitalité, sans parler des liens du sang et de la parenté. Le mauvais succès de la guerre de Rhodes, l’envie de revoir encore les champs de notre Allemagne, car le pays de nos pères nous devient bien plus cher dans l’adversité, et les habitudes d’une vie errante, me conduisirent au château d’Hartenbourg ; une fois entré, il n’est pas surprenant que le convié prêtât l’appui de son épée à son hôte dans une petite affaire. Ces événements, comme vous le savez, prince abbé, ne sont pas assez rares pour être regardés comme des miracles :

— Ce que vous dites est vrai, répondit l’abbé parlant toujours comme s’il était seul avec le chevalier, et ne marquant pas une grande surprise à cet aveu de principes qui étaient assez communs dans ce siècle, et qui ont passé sous une forme différente jusqu’au nôtre, puisque nous voyons journellement des hommes, dans les affaires les plus graves d’une nation, mettre leur moralité à la disposition d’un parti, plutôt que de s’exposer à l’odieux de manquer à cette espèce de foi sociale. Ce que vous dites est très vrai, et peut vous fournir une excuse auprès de votre grand-maître ; Sous beaucoup de rapports vous pourrez trouver aussi que ce pèlerinage vous a été salutaire.

— Sans aucun doute, révérend abbé. Nous avions peu d’occasions pendant le siège de porter une attention convenable aux rites de la religion, et depuis que nous avons été chassés de l’île, la légèreté de notre conduite en général a laissé bien des arrérages qu’il faut payer maintenant : c’est un fait que j’essaie de me rappeler.

— Et votre compagnon, celui qui a l’air si courtois, n’a-t-il pas aussi des rapports avec l’Église ?

Albrecht se tourna pour murmurer cette réponse :

— C’est simplement un homme qui circule sous le froc, révérend bénédictin, un jeune homme qui a été la dupe du comte Emich ; car pour vous parler franchement ; mon cousin ne manque