CHAPITRE XXX.
- Shakspeare. Richard III.
a conférence qui suivit eut lieu entre les principaux laïques ;
car les rapports que l’Église avait entretenus si longtemps avec les
pouvoirs surnaturels déterminèrent Emich, qui était jaloux de
reconquérir l’ascendant qu’il avait perdu dans le pays, à exclure
les prêtres de la décision qu’il était sur le point de prendre. Si
nous disions que le comte d’Hartenbourg donnait pleine confiance
aux rumeurs qui assuraient qu’on avait vu l’ombre de son forestier
occupée de la chasse comme lorsqu’il était en chair et en os,
nous ne rendrions probablement pas une entière justice à son
intelligence et à sa manière de penser ; mais si nous disions aussi
qu’il était entièrement exempt de superstition et de crainte dans
cette affaire difficile, nous lui attribuerions un degré de philosophie
et d’indépendance d’esprit qui, dans ce siècle, n’appartenait
qu’aux savants réfléchis, et que même tous ne possédaient pas.
L’astrologie judiciaire avait un grand pouvoir sur les imaginations
même de ceux qui prétendaient à la science universelle ; et lorsque
l’esprit admet une fois des théories si peu en rapport avec la saine
raison, il ouvre la porte à une multitude de faiblesses de la même
nature qui en dérivent, et qui semblent une conséquence nécessaire
de la première erreur.
La nécessité de résoudre promptement la question fut admise par tous ceux que le comte consulta ; en effet on avait commencé à dire tout bas que ces visions extraordinaires étaient la conséquence du sacrilège, et qu’on ne pouvait espérer aucune tranquillité relativement à ces opérations surnaturelles, jusqu’à ce que les bénédictins fussent rétablis dans leur abbaye et dans leurs anciens droits. Bien qu’Emich fût convaincu que cette opinion