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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/379

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— Wilhelm de Venloo n’avait rien à démêler avec tout cela ! s’écria Emich, qui avait réfléchi profondément. Ses inférieurs ont continué ce jeu lorsqu’il était abandonné par leur chef.

— Cela peut être ainsi, mon bon seigneur, car je pensais que le père Boniface était très-disposé à nous laisser partir ; mais nous fûmes gardés à vue jusqu’à ce que les arrangements et les conditions du pèlerinage fussent terminés. Ils nous trouvèrent facilement complices de leur complot, s’ils avaient réellement le projet d’augmenter les craintes de Duerckheim ; car, lorsqu’ils m’eurent juré que mes deux mères et ma chère Meta connaissaient le secret de notre existence, je ne fus nullement pressé de quitter des médecins si habiles, et qui pouvaient si promptement guérir nos blessures.

— Boniface affirma-t-il ce mensonge ?

— Je n’en jurerais pas, seigneur comte, mais bien certainement les pères Cuno et Siegfried nous l’affirmèrent. Qu’ils aient la malédiction d’un malheureux fils, et d’une mère plus malheureuse encore !…

La jolie main de Meta vint lui fermer la bouche.

— Nous oublierons tous les chagrins passés dans la joie présente, murmura-t-elle en pleurant.

La colère de Berchthold se calma, et la conversation prit une teinte plus douce.

Emich alla rejoindre le bourgmestre, et ils tâchèrent de pénétrer l’un et l’autre les motifs qui avaient engagé les moines à cette déception. En possession d’une semblable clé, la solution de ce problème ne fut pas difficile. L’entrevue de Boniface et du comte à Einsiedlen avait été mûrement combinée, et l’état incertain de l’esprit public dans la vallée et dans la ville était encouragé comme propre à influer sur l’arrangement définitif avec le couvent, car dans ce siècle les habitants des cloîtres savaient tirer parti des faiblesses humaines en tout ce qui avait rapport à leurs intérêts.