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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/86

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CHAPITRE VI.


Pourquoi pas ? le plus grand pécheur fait le plus grand-saint.
Byron



Le son plaintif et sauvage d’un cor avait résonné dans la vallée du côté de la montagne de Limbourg ! Cette mélodieuse musique se faisait souvent entendre, car, de tous les habitants de l’Europe, ceux qui vivent sur les bords du Rhin, de l’Elbe, de l’Oder, du Danube, et de leurs tributaires, sont les plus adonnés à la culture de la musique. On parle beaucoup de la dureté des dialectes teutoniques et de la douceur de ceux qui firent leur origine de la langue latine ; mais, Venise et la région des Alpes exceptées, la nature a amplement compensé l’inégalité qui existe entre les langages par la différence des organes de la voix. Celui qui voyage dans ces lointains pays entendra gazouiller l’allemand et estropier l’italien ; c’est la règle générale, quoiqu’il y ait des exceptions. Mais la musique est encore plus commune dans les vastes plaines de la Saxe que dans la Campagna Felice, et il est assez ordinaire dans le premier de ces pays qu’un postillon aux cheveux blonds, en montant lentement une côte, fasse entendre sur le cor des airs qui plairaient même dans l’orchestre d’une capitale. C’était un de ces airs mélancoliques qui se faisait entendre aux espions du comte Emich pour les avertir que les religieux quittaient le couvent.

— Écoutez, mes frères ! dit le père Boniface à ses compagnons presque au même instant que le comte de Leiningen faisait une semblable question dans son château ; ce cor fait entendre un air expressif.

— Nous pouvons être trompés dans notre désir d’atteindre le château sans que notre arrivée soit connue, répondit le moine avec lequel le lecteur a déjà fait connaissance sous le nom de père Siegfried, mais si nous ne pouvons surprendre les secrets du comte Emich par nos propres yeux, j’ai engagé quelqu’un à rem-