CHAPITRE XIX.
étant aperçu que le brigadier Downright avait l’esprit observateur,
et qu’il était fort au-dessus de ce sentiment étroit qui
sacrifie toutes les espèces à une seule, je lui demandai la permission
de cultiver sa connaissance, et je le priai en même temps
de me faire part des remarques que pourraient lui suggérer sa
sagesse supérieure et ses longs voyages, sur les coutumes et opinions
qui se présentaient naturellement à nous dans les circonstances
où nous nous trouvions. Le brigadier prit ma demande
en bonne part, et nous commençâmes à nous promener ensemble
dans les salons. Comme on attendait à chaque instant l’archevêque
d’Agrégation, qui devait célébrer la cérémonie nuptiale, la
conversation tomba naturellement, sur l’état de la religion dans
le pays des Monikins.
J’appris avec grand plaisir que tous les dogmes religieux de cette partie isolée du monde étaient basés sur des principes entièrement semblables à ceux de toute la chrétienté. La croyance des Monikins est qu’ils sont une classe d’êtres misérables perdus pour l’éternité, et tellement dégradés par la nature, tellement rongés par l’envie, la méchanceté et les autres passions criminelles, qu’il leur est impossible de faire rien de bien par eux-mêmes, qu’ils n’ont de ressource qu’en l’intervention du grand pouvoir, du pouvoir supérieur, de la création ; et que la première, la seule chose qu’ils aient à faire est de se jeter sous la protection de ce pouvoir avec un esprit convenable de soumission et d’humilité. Par suite de cette disposition d’esprit, ils attachent