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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/253

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supprimez-en la partie où les difficultés sont répétées. Je vous prie de veiller à ce que mon nom soit placé dans la petite roue avec ceux des autres patriotes lors de la rotation périodique ; car je serai bientôt obligé de retourner à Leaplow, tous mes moyens étant épuisés. Dans le fait, les frais de l’entretien d’une queue, — ce dont nos concitoyens ne se font pas une idée, — sont si énormes, que je crois qu’aucune de nos missions ne devrait durer plus d’une semaine.

« Je vous invite très-particulièrement à insister fortement, dans le message que vous m’enverrez, sur la haute renommée dont jouit la république de Leaplow chez toutes les nations étrangères ; car, pour parler franchement, les faits exigent que cette déclaration soit répétée le plus souvent possible. »

Après la lecture de cette lettre, la conversation retomba sur la religion. Le brigadier m’expliqua diverses particularités des lois de Leaphigh à ce sujet, et jamais je n’en avais entendu parler. Par exemple, un Monikin ne peut naître sans payer quelque chose à l’Église, pratique qui l’initie de bonne heure dans ses devoirs envers cette branche importante du bien public ; et quand il meurt, il faut qu’il laisse après lui un tribut pour le clergé, afin d’avertir ceux qui existent encore suivant la chair de ne pas oublier leurs obligations. Il ajouta que l’intérêt sacré de l’Église était si rigidement protégé, que lorsqu’un Monikin refusait de se laisser arracher le dixième de son poil pour fournir un nouveau manteau à son évêque ou à son primat, il y avait une manière de le tondre avec des verges de fer rouge qui n’épargnaient pas sa peau ; de manière qu’en général on préférait laisser les collecteurs de poils choisir et tirer ceux que bon leur semblait. J’avoue que ce tableau me révolta, et je m’écriai que c’était une pratique barbare.

— Votre indignation est fort naturelle, sir John, dit le brigadier. C’est précisément le sentiment qu’un étranger doit éprouver, quand il voit la merci, la charité et l’humilité, servir de masque à l’égoïsme, à la cupidité et à l’orgueil. Mais tel est l’usage chez nous autres Monikins ; sans doute il en est tout autrement parmi les hommes.