Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/254

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CHAPITRE XX.


Cas fort commun, ou beaucoup de lois et peu de justice. — Têtes et queues. — Danger des unes et des autres.



J’allai voir Noé de très-bonne heure le lendemain matin. Le pauvre diable montra un degré surprenant de courage, puisqu’il n’avait pas oublié qu’il allait être jugé pour un crime capital, dans un pays inconnu, en vertu de lois nouvelles pour lui, et par des juges d’une espèce différente de la sienne. Cependant il tenait encore fortement à la vie, et il le prouva par la manière dont il entama la conversation.

— Avez-vous remarqué d’où vient le vent ce matin, sir John ? me demanda-t-il avec un ton d’intérêt tout particulier.

— Il fait une assez bonne brise du sud.

— C’est le vent qu’il nous faudrait, si l’on savait où trouver ces chenapans de vice-amiraux et de capitaine. — Je suppose, sir John, que vous ne vous inquiéteriez guère du paiement de ces cinquante mille promesses ?

— Mon cautionnement ? pas le moins du monde, — si ce n’était pour notre honneur. Que dirait-on si le Walrus partait avant que le compte de son capitaine eût été réglé ? Qu’en penserait-on à Stonington ? Miss Poke pourrait-elle approuver ce manque de droiture ?

— Nous pensons à Stonington que le plus sage est celui qui sait se tirer le mieux d’une mauvaise affaire. Quant à miss Poke, je ne vois pas pourquoi elle le saurait, et quand elle le saurait, elle ne serait pas fâchée que son mari eût sauvé sa vie.

— Écartez des pensées indignes de vous, capitaine, et armez vous de résolution pour vous présenter devant vos juges. Nous