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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/361

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peut-être dois-je ajouter qu’elle ne le sera jamais pendant l’occultation du grand principe moral, telle qu’elle existe dans ce moment.

— Racontez-moi mes crimes tout d’un coup, brigadier ! s’écria Noé avec un regard de martyr ; tirez-moi hors de peine, par pitié !

— Vous avez oublié d’indiquer un motif pour l’énergie que vous avez mise dans la dernière discussion ; et dans un cas semblable, la société en suppose d’aussi mauvais que l’imagination monikine puisse en inventer.

— Mais, mon cher monsieur Downright, dis-je avec douceur, notre collègue, dans cette circonstance, a pris pour base un principe.

Le brigadier regarda en l’air et leva le nez comme un petit chien qui n’y voit pas encore clair, puis il dit qu’il ne pouvait voir le principe auquel je faisais allusion, puisque son disque était obscurci par l’orbite d’intérêt pécuniaire. Je commençai à comprendre que le cas était réellement plus grave que je ne l’avais cru d’abord. Noé lui-même semblait atterré, car il se demandait probablement ce qu’il penserait de la conduite d’un collègue qui aurait donné son vote sur un sujet si important sans exposer son motif.

— Si le capitaine possédait un pouce carré de terre à l’extrémité de la route, observa tristement le brigadier, l’affaire deviendrait toute simple ; mais telles que les choses sont, c’est sans contredit une malheureuse circonstance.

— Mais sir John a voté avec moi, et il n’est pas plus propriétaire à Leaplow que je ne le suis moi-même.

— En effet, mais sir John vota avec la masse de ses amis politiques.

— Tous les horizontaux n’étaient pas dans la majorité, car, dans cette occasion, au moins vingt d entre eux se rangèrent avec la minorité.

— Sans aucun doute, mais chaque Monikin eut un motif visible. Celui-ci avait un terrain sur la route, celui-là une maison sur l’île, et un autre était l’héritier d’un grand propriétaire sur le même point de la route. Chacun et tous avaient leurs intérêts distincts et positifs, et aucun d’eux ne fut coupable d’une aussi grande faiblesse que de laisser défendre sa cause par l’extravagante prétention d’un simple principe !